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Retrouvez toutes nos dernières actualités sur la santé, les droits et les enjeux du travail du sexe/de la prostitution à Bruxelles.

 

Les soins de santé, le logement et la sécurité sont des droits fondamentaux dont l’accès n’est déjà pas le même pour toutes et tous. Mais quand on pratique le travail du sexe / la prostitution, et à plus forte raison si on est un homme qui a des relations sexuelles avec un homme ou une personne trans*,  il n’en est souvent que plus précaire.

 

La journée internationale des travailleur·ses du sexe est l’occasion de rappeler que même quand les personnes que nous accompagnons ont des droits, un ensemble de complexités administratives et institutionnelles en complique l’accès. Chaque année, des dizaines de personnes chez Alias n’ont pas de place en centre d’accueil pour demandeur·ses d’asile, alors qu’elles y ont droit. Des dizaines de personnes n’ont pas accès à l’AMU alors qu'elles y ont droit. D’autres encore ont droit à la protection internationale, mais n’y ont pas accès car la manière dont l’office des étrangers et le CGRA examinent les questions d’identité de genre et d’orientation sexuelle ne permet pas de rendre compte des risques encourus par ces personnes dans leurs pays d’origine.

Plus généralement, de nombreuses institutions tiennent insuffisamment compte des réalités des minorités sexuelles dans la manière dont elles traitent les demandes d’asile, d’aide médicale urgente, d’hébergement ; et si tous ces droits n’ont pas l’air directement liés au travail du sexe, ils le sont dans les faits car le public qu’on voit y est confronté chaque jour.

A Yser, des faits de violence et peu de protection pour les femmes trans*

L’enquête menée par Ana Dresler en 2021 le rappelle et le détaille: les femmes trans* qui exercent le travail du sexe / la prostitution à Yser sont la cible d’une violence disproportionnée de la part des différents acteurs locaux, et peinent à faire valoir leurs droits à la sécurité dans l’espace public. Cette violence, décrite par une quinzaine de participantes, revêt différentes formes allant de l’intimidation aux tentatives de meurtre. La protection des pouvoirs publics reste défaillante quand il s’agit de prendre en compte ces violences et d’y remédier. C’est pourtant un point qui revient souvent, dans les revendications qui clôturent l’enquête: le droit à la protection contre les violences, et à la sécurité. Lire l’enquête d’Ana Dresler. 

Le logement au centre des préoccupations en 2022

Le logement est un droit de plus en plus compliqué à faire valoir. Manque de logements, marché locatif trop cher, pas assez de places dans les centres d’hébergement sont autant de réalités qui rendent l'accès au logement difficile, même avec des revenus. Parmi les gasts dont nous connaissons les conditions de logement, deux sur trois sont dans une situation de mal-logement ou sans chez-soi. Au sein de notre public, on observe 49,2% de logement précaire – chez des tiers (amis ou clients), dans des chambres en appartement de passe, d’hôtel ou Airbnb, menacé·es d’expulsion ou victimes de violences domestiques. 9,7% des personnes sont sans logement (centres d’accueil pour demandeur·ses d’asile). 5,2% vivent dans la rue ou en hébergement d’urgence, et 5,2% dans un logement inadéquat (structures provisoires non conventionnelles, squats ou dans des conditions de surpeuplement sévère). 30,6% vivent en logement stable et adéquat. En 2022, la question la plus souvent traitée lors de l’accompagnement individuelle fut celle du logement. 

L’aide médicale urgente : entre non-recours et manque de moyens

En 2013, 80% des gens qui avaient droit à l’Aide Médicale Urgente (AMU) n’en faisaient pas la demande. Dix ans plus tard, nous rencontrons chaque semaine, au cours de nos permanences médicales ou d’accompagnements individuels, des personnes qui ont droit à l’AMU et qui, à cause de la complexité administrative, de la différence de traitement d’un CPAS à l’autre, du manque de moyens de ces derniers, y renoncent ou doivent parfois attendre plusieurs mois pour y avoir accès. Il arrive également que, même après en avoir obtenu l’accès, cela demande encore un travail d’accompagnement à Alias, car certaines institutions de la santé et du social sont encore mal formées aux questions relatives au travail du sexe et à la santé sexuelle en général. Nous soutenons à cet égard le travail d’interpellation politique de Médecins du Monde sur l’AMU.